Sur une sollicitation de Sébastien j’ai encadré avec lui fin mai un stage thermique de son école Carpe Diem. Sébastien s’est spécialisé sur la formation des pilotes à la monosurface. Il a maintenant 3 ans de recul et d’expérience sur cette approche novatrice. Pour ma part, il s’agit d’une découverte complète: de la machine, des pilotes, de l’approche pédagogique, seul l’environnement reste le même.
Le cadre d’intervention
En première approche, j’ai été intrigué, piqué par la curiosité, par cette proposition d’intervention: le stage thermique monosurface est-il l’association de deux mots antinomiques, un oxymore du vol libre moderne? Comment les principes d’Aquilae – Performance Paragliding Academy peuvent-ils s’appliquer à ce type de pratique?
Au fil de la semaine, nous avons encadré des pilotes qui présentaient de nombreuses caractéristiques communes:
- Des amoureux de la nature et de la marche en montagne, voire de l’alpinisme et du ski de randonnée.
- Des pilotes avec une pratique régulière, toutes saisons, et un volume de vol global compris entre 50 et 100 ploufs.
- Parfois des premières expériences non-concluantes en double surface, soit liées au matériel, soit à la pédagogie rencontrée.
- Des pratiquants intrigués, parfois inquiets, de la turbulence parfois rencontrée lors de leur descente sous voile et curieux de mieux comprendre cette aérologie active, voire intéressés pour chercher à l’exploiter lorsque cela est possible.
Les enseignements tirés
Avant de donner le moindre conseil ou avis, je me mets en l’air et fais la gamme d’exercices que nous avions mis au programme d’enseignement. Pour être franc, mes premières sensations sont étranges. Victime de mes habitudes et de mon vécu, je ressens beaucoup d’informations transmises par l’aile et beaucoup de mouvement au-dessus de ma tête. Mon esprit doit accepter ce comportement auquel il n’est pas habitué. Une fois ce cap franchi, j’apprécie bien et mieux l’outil et ses qualités.
Les monosurfaces bougent mais dans des amplitudes limitées. Au décollage l’aile monte vite même avec une faible alimentation, mais elle dépasse peu et rarement. En l’air, elle se comporte de la même manière, avec cette volonté farouche de rester tendue au-dessus du pilote. Cependant les stagiaires n’ont pas ce souci: ils ont été biberonnés de cette façon et sont dans leur élément. Ma première conclusion sur un plan pédagogique est double: la monosurface est un outil qui permet un accès plus rapide à l’activité et c’est un matériel sécurisant tant pour les stagiaires que pour les moniteurs.
Les enseignements donnés
Nous faisons découvrir à nos pilotes les sites de Planfait, Montmin, Marlens, Entrevernes, Aiguebelette. Je cumule une dizaine d’heures de guidage en vol sur cinq jours. Et nos stagiaires comprennent tous, à leur rythme, les clés du pilotage en thermique. Le roulis à la sellette, bien que limité, permet d’initier le virage quelques secondes après être rentré dans l’ascendance, avec une correction à peine nécessaire en tangage pour placer l’aile au-dessus de la tête. Le dosage à la commande doit être fin pour ne pas dégrader ce virage en prenant trop d’angle. La commande extérieure est utile pour gérer la vitesse du virage, souvent en la relâchant. L’impression de tourner court et efficace est très agréable. Même sans vario, l’exploitation thermodynamique à distance raisonnée du relief est facile.
Avec ce stage thermique monosurface les pilotes repartent avec de nouveaux outils tant théoriques que pratiques pour gérer cette fameuse turbulence et avec quelques projets en tête pour en faire bon usage à l’avenir. Parce que ces pilotes sont bien formés et que la monosurface en thermique est une belle découverte, qui marche!